Google est notre ami… ou pas

« Google est ton ami » est une expression devenue populaire lorsqu’on pose une question.

Que l’on veuille savoir ce que mangent au quotidien les tortues des Galapagos ou, simplement quel jour on est, Google peut nous apporter la réponse.

Google peut donc devenir le parfait compagnon pour trouver la réponse à toutes nos questions.

Mais il en existe une plus difficile à répondre :

Google est-il réellement notre ami ?

ou plus simplement, faut-il utiliser les services de Google ?

Google en quelques chiffres…

Google (ou plutôt Alphabet qui est la maison mère) annonce des chiffres qui font tourner la tête ! C’est un véritable mastodonte de l’économie mondiale et on ne voit pas comment il pourrait ne pas le rester.

Google en chiffres, ça donne :

Son chiffre d’affaires s’élève à 161 milliards de dollars et il a été multiplié par plus de 4 en 8 ans.

L’entreprise emploie plus de 100 000 personnes à travers le monde.

Ça, c’est pour les données macro. Entrons un peu dans le détail, service par service.

Google Search (le moteur de recherche) est le site le plus visité au monde (62,19 milliards de visites/an) et le moteur de recherche n°1 (92,18% de parts de marché !).

Et pour l’anecdote, la recherche la plus saisie est : Facebook.

La messagerie de Google est Gmail et ne compte pas moins de 1,5 milliard de comptes.

Le navigateur Internet de Google s’appelle Google Chrome. Il représente 65% de parts de marché.

Youtube n’est autre que le 2e moteur de recherches le plus utilisé au monde. (Google possède donc les 2 premiers)

1 milliard de vidéos sont visionnées chaque jour.

Android ? 85% des parts de marché dans le monde du smartphone.

Je vais m’arrêter là.

Pour résumer, chaque service écrase la concurrence.

Bien sûr, il y a eu quelques échecs tels que Google + (le réseau social), les Google Glass (lunettes à réalité augmentée)

Mais quand ça fonctionne un tant soit peu, Google a les moyens d’écraser la concurrence.

Les bienfaits de Google

Comme on vient de le voir, Google propose beaucoup de services différents et tous gratuits !

Il existe Google Search, Youtube, Gmail, Android, Google Chrome. Mais aussi Google Drive, Google Maps… et tout est 100% gratuit !

On peut donc très facilement et sans débourser le moindre centime :

Trouver n’importe quelle information sur Internet (texte, photo ou vidéo), se diriger n’importe où dans le monde, stocker et échanger des fichiers de plusieurs Gigas, avoir un smartphone abordable (comparé à l’iPhone…).

C’est accessible à l’ensemble des êtres humains. À l’exception de ceux vivant dans des pays où l’accès à Internet est contrôlé et censuré.

Que nous soyons milliardaires ou fauchés comme les blés, nous sommes sur le même pied d’égalité.

Dans ce monde d’informations et de données, l’argent n’entre jamais en ligne de compte pour les utilisateurs.

Rien que pour ça, je crois qu’on peut tous dire : « Merci Google ! ».

Mais malgré sa gratuité, Google gagne très bien sa vie.

L’utilisateur ne paye rien pour utiliser ces services, car, à la place, il fournit une masse considérable de données et son attention.

C’est le business modèle de Google :

  • Capter notre attention pour nous proposer des publicités et engranger un maximum de données sur nous.
  • Utiliser nos données pour permettre aux annonceurs de cibler parfaitement de potentiels utilisateurs de leurs produits.

Un exemple ?

Youtube… 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois en 2018 et 15 milliards de revenus publicitaires annuels.

Un utilisateur moyen de la plateforme rapporte 7,5$ / an à Google sans jamais rien payer.

On pourrait penser au business modèle parfait : l’utilisateur ne paye rien et l’entreprise gagne énormément d’argent.

C’est ce qu’on pourrait penser…

L’impact social de Google

Partage des richesses

En septembre 2019, Google accepte de payer 1 milliard d’euros à l’État français pour mettre fin aux poursuites pour « fraudes fiscales aggravées » lancées en 2015.

On est plus dans l’optimisation fiscale là ! On parle de fraudes aggravées.

Google a tout fait pour essayer de trouver un accord, car la note aurait pu être bien plus salée.

Mais le plus dingue, c’est que même en respectant la loi, Google paye très peu d’impôts au regard de son chiffre d’affaires.

Le gros avantage de Google vient du fait que ses actifs sont immatériels (car numériques) et accessibles à travers la planète entière.

C’est vraiment l’entreprise parfaite pour passer au travers des mailles du filet de toute régulation.

Grâce aux politiques fiscales très « conviviales » de certains pays comme l’Irlande, les Pays-Bas et les Bermudes, Google a pu exfiltrer d’Europe des sommes incroyables (on parle de 20 milliards d’euros en 2018).

Cette technique d’optimisation entre ces 3 pays, appelée « double irlandais et sandwich hollandais », était parfaitement légal jusqu’en 2020.

Et c’est là que le bât blesse.

Un géant richissime paye sensiblement moins d’impôts que le travailleur moyen.

Nos gouvernements prennent des décisions pour enrayer ces phénomènes mais avec une telle lenteur, on n’est pas prêt de distribuer équitablement les richesses créées.

Bref, Google n’est donc clairement pas exemplaire sur le sujet et compte perdurer en ce sens.

L’autosuggestion

Google Search et YouTube sont les 2 principaux moteurs de recherches sur Internet au monde.

C’est-à-dire, que lorsque quelqu’un se pose une question, il a de grandes chances de trouver la réponse grâce à Google.

Et vous souvenez-vous du business modèle ?

Capter notre attention. Nous garder le plus longtemps possible sur la plateforme.

L’un des moyens d’y parvenir est de nous proposer des réponses que l’on a envie d’entendre, en phase avec nos croyances et nos valeurs.

En fonction de notre historique de recherches, des liens sur lesquels nous avons cliqué, Google connaît presque tout de nous.

Il sait ce que nous aimons manger, écouter comme musique, pour aussi qui nous votons…

À partir de là, il nous fournit des réponses adaptées pour ne pas trop nous heurter et donc nous faire fuir.

Une même requête sur leurs moteurs de recherche proposera des résultats différents suivant les personnes.

On construit nos valeurs et croyances tout au long de notre vie.

L’un des moyens simples d’accéder au savoir et de se construire des opinions se fait via Internet.

Et avoir des résultats filtrés en fonction de nos croyances et valeurs actuelles freinera ou orientera leur évolution.

On peut très vite se retrouver enfermé dans un univers numérique qui aura forcément un impact sur notre vie « réelle ».

Un conseil pour utiliser Google Search : ne pas créer de compte et naviguer en mode privé.

Le mieux restant d’utiliser un autre moteur de recherche tel que DuckDuckGo qui ne conserve pas l’historique de nos recherches.

Manipulé à cause nos données

Google sait tout de nous parce qu’il capte toutes nos données.

Et le 2e pilier de son business modèle est de vendre ces données en vue de permettre aux annonceurs de nous cibler et nous proposer des publicités.

Le 1er résultat d’une requête est rarement la meilleure réponse à notre question.

Non, c’est tout simplement une publicité liée à notre recherche, mais aussi à toutes les données nous concernant.

On est bombardé de publicités toute la journée alors pourquoi, sur Google, ce serait plus problématique qu’ailleurs ?

Comme évoqué plus tôt, Google connaît nos préférences culinaires, mais aussi nos opinions politiques…

Si nous sommes indécis dans notre vote à venir, Google le sait et vend cette information.

Des entreprises ou partis politiques peuvent se servir de cette information pour nous cibler avec des messages précis.

Ce n’est plus de la simple publicité, on entre dans  l’influence de masse en vue de construire nos « démocraties » de demain.

Bien sûr Google n’est pas le « mauvais » là-dedans. Ils n’ont aucun intérêt à influencer nos votes (et encore…). Par contre, leur business modèle permet à d’autres entreprises, beaucoup moins éthiques de le faire.

Quelques infos en vrac

Les scandales

Lors de la mise en place de l’intelligence artificielle de Google Photos, celle-ci confondait les personnes noires avec des gorilles. Ça, c’est un problème bien connu, mais plus lié à l’IA qu’à Google.

Et oui, ces technologies autos-apprenantes sont construites en majorité par des hommes blancs. Du coup, on présente en grande partie des photos d’hommes blancs à la machine.

Le jour, où on sort un peu du cadre, l’IA pète un plomb.

Autre scandale. En novembre 2019, une « petite » erreur technique a permis à des gens de recevoir photos et vidéos d’autres utilisateurs.

Les données personnelles

Alors, soyons clair, Google gère bien mieux nos données que Facebook pour la simple raison que c’est bien plus opaque.

Leurs algorithmes et leur gestion des données sont moins compréhensibles aux publicitaires qui du coup peuvent moins faire n’importe quoi.

Pourtant, Google a, pendant des années, enregistré nos données sur Android, Chrome et Google + sans notre consentement.

Les personnes possédant un smartphone sous Android sans utiliser les services Google, se voyaient aspirer leurs données personnelles.

En fait, la politique de Google avec nos données personnelles est simple : « On récupère de n’importe quelle manière les data. Si on se fait prendre, on corrige et on se met en conformité. »

Vu que les ingénieurs Google vont plus vite que les lois européennes, l’entreprise a toujours un temps d’avance.

C’est ce qui fait son succès auprès des annonceurs d’ailleurs.

Les bombes puantes

L’algorithme de recherche est manipulable via un phénomène bien connu : le « Google Bombing ».

En utilisant des techniques pour envoyer beaucoup de monde vers un site optimisé pour certaines requêtes, on peut amener un site en 1er résultat Google.

C’est comme ça que la requête « trou du cul du web » renvoyait vers le site de Nicolas Sarkozy en 2009.

La même année, taper Michelle Obama dans Google Search Image renvoyait vers la 1re Dame photoshopée en singe.

Attention à notre attention

Tout le business modèle de Google est basé sur notre attention.

Plus on reste sur leur plateforme, plus on fournit des data et plus on est sollicité par les publicités.

L’intérêt de cette entreprise est de nous garder un maximum de temps devant notre écran d’ordinateur ou notre smartphone.

Bien sûr, Google n’est pas seul. Des services comme Netflix, Facebook, Fortnite… ont la même approche.

Leur principe : « Moins vous faites quelque chose de votre vie, plus on gagne d’argent ! »

D’ailleurs, le PDG de Netflix ne s’en cache pas. Pour lui, son véritable concurrent n’est autre que le sommeil.

Si les gens n’avaient pas besoin de dormir, ils passeraient encore plus de temps sur Netflix.

Alors, Google est notre ami ?

Google permet à tout un chacun de faire un tas de choses gratuitement. C’est magique.

Cette entreprise abat donc les différences sociales et bravo à elle.

Mais Google est dangereux de par son business modèle.

Même si son intention n’est pas de faire de mauvaises choses, l’utilisation intensive de nos données ne peut qu’aboutir à ça.

Il vaut donc mieux éviter d’utiliser les services Google pour garder notre indépendance intellectuelle et l’envie de construire notre vie.

Mais éviter les services de Google, c’est plus facile à dire qu’à faire !

PS : Contrairement à la plupart des sites, ce blog n’utilise pas le service Google Analytics pour analyser les statistiques du site. J’utilise plutôt Matomo : 100% respectueux des données personnelles des visiteurs.